Un déclin théorisé par J.M GREER

Le théoricien de l’effondrement John Michael Greer data le début de l’effondrement de notre société actuelle dans la crise économique du milieu des années 1970. Celle-ci a conduit à la désindustrialisation aux États-Unis , en Grande-Bretagne et en France. Il nomma ce processus « effondrement catabolique ». C’est un effondrement lent qui s’est déjà produit plusieurs fois depuis que l’Homme évolue sur Terre. Les Mayas, par exemple, ont vécu un effondrement catabolique étalé sur trois siècles (du huitième au dixième siècle). Dans leur cas précis, les études montrent que l’augmentation de la population Mayas a atteint un point qui ne pouvait être supporté par une trop faible production agricole locale. Par ailleurs, des investissements massifs dans des constructions monumentales coûteuses en énergie humaine et nécessitant des raser des forets et d’extraire toujours plus de matériaux ont finis de sceller le sort de cette civilisation qui se mit à décroître et à abandonner ses somptueux édifices à la jungle.

Une vision décliniste partagée

Cette vision sombre s’accorde bien avec l’ analyse du théoricien Wolfgang Streeck en 2016 selon laquelle la crise du capitalisme post-années 1970, accélérée par le krach financier de 2008, nous a conduits dans une période de décadence civilisationnelle . Pour Streeck, nous vivons « une vie dans l’ombre de l’incertitude, toujours exposée au risque d’être bouleversé par des événements inattendus et des perturbations imprévisibles et tributaire de la débrouillardise, de l’improvisation et de la chance des individus » . C’est une période où l’État ne peut plus garantir l’ordre ou la sécurité de ses citoyens et où « de profonds changements se produiront » de manière imprévisible, et où chaque dernier effort pour tirer profit d’un système qui s’effondre sape davantage la structure sociale.

Un temps long et des causes multiples…

Ces périodes instables profitent à court terme aux riches (le CAC 40 a atteint des sommets !), aux oligarques et aux chefs de guerre tout en imposant l’incertitude et l’insécurité à tout le reste de la population. Elles ouvrent non pas sur l’apocalypse ou un effondrement soudain comme dans les meilleurs « films catastrophes » mais sur un processus qui mettra des décennies à se révéler complètement. C’est une combinaison de mauvais choix, de rivalités commerciales ou politiques, de changements climatiques, de pressions migratoires, de fragilités dans les systèmes d’approvisionnement qui nourrissent l’effondrement lent. Et l’incapacité des Etats à prendre les bonnes décisions au bons moments (cf. COP 26) montre notre impuissance à simplement freiner ce processus.

Notre modèle économique globalisé, celui là même qui, au quotidien, transforme les ressources de la Terre en déchet, à montré toutes ses limites lors de la crise du COVID. Nous savons maintenant son manque de résilience.

Il y a 50 ans, dans leur livre « The limits to growth », les Meadows et leur équipe du Massachusetts Institute ofTechnology avaient modélisé ce processus de déclin. Il n’y a pas de croissance infinie dans un monde fini, notre civilisation thermo-industrielle disparaitra, personne ne peut plus en douter, c’est juste une question de temps…