Le monde est divisé en deux : ceux qui pensent que oui et les autres.

Les autres sont probablement ceux qui ignorent ce qui se passe sur notre planète (parce que l’information n’arrive pas jusqu’à eux) ou pensent que les avancées technologiques vont nous sauver.

Pour ceux qui pensent que oui, tout peut s’effondrer, la vision dystopique du futur peut être engageante précisément parce que c’est une vision. Elle alimente bien des romans de fiction climatique ou même des jeux vidéo. Ce qui fait de « Comment tout peut s’effondrer » de Pablo Servigne un manuel précieux pour notre temps c’est le fait qu’il offre une lecture non-fictionnelle de l’avenir. Les faits, rien que les faits. Des faits qui s’enchaînent sous nos yeux ébahis : pics de pollution, inondations, perte de biodiversité… Et les boucles de rétroaction négatives sont partout dans les systèmes terrestres si vous les recherchez un peu. Le pergélisol fond dans l’Arctique, la forêt amazonienne émet aujourd’hui plus de dioxyde de carbone qu’elle n’en absorbe , des températures plus élevées rendent plus difficile et plus chère la culture de la nourriture. Tout cela à un moment où la population humaine devrait ajouter plusieurs milliards d’individus supplémentaires ce siècle, en théorie en tout cas !

Et comme pour tout système, il existe des verrouillages sociologiques ou économiques. Nous ne pouvons immédiatement remplacer les énergies fossiles car tout le système financier et industriel repose sur une forme d’énergie abondante et relativement abordable. Nous pourrions essayer de limiter l’utilisation des automobiles et des camions, mais peu de gens (en Occident du moins) vivent à proximité des sites d’où proviennent les biens essentiels de notre société. Ces épis de maïs et ces sacs de pommes de terre vont devoir voyager jusqu’à nous, ou nous jusqu’à eux, mais de toute façon, il y aura un voyage.

Tout peut s’effondrer ? Est-ce une proposition trop négative? Pourquoi avons-nous des barrières psychologiques qui nous empêchent de voir la fragilité de nos écosystèmes et de notre planète ?

Ici et maintenant

Les impacts du changement climatique sont ici et maintenant, avec la flambée des températures, des ouragans plus forts, des inondations plus intenses et une saison de feux de forêts plus longue et plus sévère . Les scientifiques avertissent qu’ignorer les changements climatiques entraînera des « souffrances indicibles » pour l’humanité. Cela se passe sous nos yeux. Notre planète est au point de rupture. Les deux tiers des océans de notre Terre et les trois quarts de ses terres ont été endommagés par l’homme. Un million d’espèces pourraient disparaître d’ici 2050, accélérant le taux d’extinction mondiale en cours des centaines de fois plus vite qu’au cours des 10 millions d’années. Un cinquième de toutes les nations pourrait voir leurs écosystèmes s’effondrer complètement en raison de la destruction de la faune et de ses habitats dont nous dépendons nous-mêmes.

Disparition de l’espèce humaine?

Mais si les choses empiraient, le changement climatique pourrait-il faire disparaître les humains de la planète ?

Les scientifiques prédisent des scénarios dévastateurs : des centaines de millions de personnes menacées par des pénurie de nourriture et d’eau, ce qui pourrait déclencher un conflit mondial et l’effondrement de notre société. Mais très peu de ces mêmes scientifiques envisagent une disparition pure et dure de l’espèce humaine.

A nous de décider

Si nous ne parvenons pas à réduire considérablement les émissions de carbone au cours de cette décennie, nous nous engageons probablement à aggraver des phénomènes météorologiques extrêmes déjà dangereux, une submersion des zones côtières en raison de la fonte des glaces et de l’élévation du niveau de la mer, une pression accrue sur des ressources limitées. La population mondiale croissante sera alors en concurrence sévère pour moins de nourriture, moins d’eau et moins d’espace. Nous avons besoin de la nature plus qu’elle n’a besoin de nous. Notre monde change depuis des millénaires et continuera de changer, avec ou sans nous. Sauver la biodiversité, écosystème par écosystème, est le seul moyen de nous sauver nous-mêmes. Si nous n’agissons avec audace maintenant, nous ne pourrons éviter le pire.