La spirale du piège abscons, c’est cette tendance à persévérer dans une action même si l’on sait quelle nous emmène droit dans le mur.

Certains joueurs de poker connaissent bien cela. Ils perdent, jouent une dernière partie pour ce refaire mais perdent encore, puis encore une autre…Malgré l’échec, ils continuent et cet entêtement les conduit à la ruine. Cette théorie a été développée par Jean-Léon Beauvois et Jean-Pierre Joule dans leur essai « Traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens« .

Plus largement, on parle de piège abscons à chaque fois que quelqu’un (ou un système ou une organisation) s’enferme dans la poursuite d’un processus sans en mesurer les effets.

C’est comment qu’on freine !

Avez-vous comme moi l’impression que nous allons droit dans le mur : pollution, dérèglements climatiques, disparition des espèces, inégalités, virus destructeurs… L’anthropocène dans toute sa splendeur ! Les tensions que génère notre modèle économique sont profondes.

Le modèle productiviste imposé à marche forcée à partir des années 50 a marqué au fer rouge plusieurs générations. Le mot d’ordre, c’était « la croissance », quoi qu’il en coûte ! Conséquence : une véritable situation de dépendance aux joies du consumérisme et aucune remise en question du modèle proposé.

Pourtant au fil des ans, les alertes s’accumulent. Meadows, GIEC….. les rapports s’entassent qui disent tous la même chose : cette situation n’est pas tenable à terme et nous courons à la catastrophe. Mais on s’entête, on poursuit sur le mauvais chemin. Le changement est perçu par certains comme un insupportable retour à l’âge de pierre.

Voilà le piège abscons qui pointe son nez ! On ne change pas de modèle parce qu’on a déjà trop investi dessus pour l’abandonner. Les enjeux financiers deviennent énormes et ceux qui tiennent les ficelles n’ont surtout pas envie de tout perdre.

La crise comme facteur d’opportunité ?

Le moteur économique prime sur tout le reste. Ce qui nous amène à changer, c’est quand les choses tournent vraiment mal ou quand elles ne sont plus supportables. La crise du COVID est en ce sens un véritable catalyseur.

Le très récent sondage «Vote du peuple pour le climat» du Programme des Nations Unies pour le développement  a montré que près des deux tiers des plus de 1,2 million de personnes interrogées dans le monde affirment que le changement climatique est une urgence mondiale, appelant à une action accrue pour faire face à la crise.
Ce sondage montre également comment les gens veulent que leurs décideurs politiques s’attaquent à cette crise climatique. De l’agriculture respectueuse du climat à la protection de la nature, en passant par l’investissement dans une reprise verte, l’enquête met la voix des populations au premier plan du débat sur le climat. 

L’enquête indique qu’une majorité des sondés soutient le développement des énergies renouvelables et la conservation des forêts et des terres. Neuf des dix pays les plus urbanisés ont soutenu une utilisation accrue de voitures et de bus électriques propres ou de vélos.   

Admettre nos erreurs

L’Homme est ainsi fait, il n’aime guère s’avouer qu’il s’est trompé et il n’aime pas le changement non plus. Cette « inaptitude à vivre autre chose » le maintien dans un modèle capitaliste « hors sol »‘. Alors il persévère, il s’entête dans une solution qui ne fonctionne pas. Et c’est le piège abscons.

Pour en sortir, nous devons être en capacité de prévoir un plan B qui ne soit pas simplement un plan A amélioré. S’adapter, changer de stratégie, de paradigme, lâcher les vieilles idées et les vieilles solutions… Les générations « qui montent » sauront-elles mieux que nous se saisir de ces questions désormais vitales. ?