Le réchauffement climatique a été récemment aggravé par des cycles vicieux à rétroaction positive. Le rythme du réchauffement climatique sera certainement celui plus rapide que prévu dans le récent rapport spécial du GIEC, avec des impacts sociaux considérés comme très inquiétants par les spécialistes interrogés…
Les cycles de rétroaction positive
En février 2017, les températures dans l’Arctique sont restées 20 ° C au-dessus de la moyenne pendant plus d’une semaine, augmentant le taux de fusion. En conséquence, le remplacement de la glace par l’eau a conduit à une absorption plus élevée du rayonnement solaire, rendant les océans plus chauds et étant responsable de la fonte des glaces basales ainsi que d’une atmosphère plus chaude. Cela constitue une forme de rétroaction positive qui pourrait confirmer la perspective d’un Arctique sans glace d’ici 2030.
Le réchauffement de la terre entraînera également un dégel important du pergélisol dans l’hémisphère nord. Avec ce dégel, de grandes quantités de carbone organique seront mobilisées, dont une partie sera convertie et rejetée dans l’atmosphère sous forme de gaz à effet de serre. Ceci, à son tour, peut faciliter une rétroaction positive du carbone sur le pergélisol et donc un réchauffement supplémentaire. Le dégel du pergélisol pourrait libérer entre 60 et 100 milliards de tonnes de carbone.
De plus, les récents incendies dans la région arctique (Sibérie et Alaska) mais aussi en Australie et en Californie ont émis des millions de tonnes de CO 2 , constituant une autre situation de rétroaction positive, et on s’attend à ce que les incendies se produisent plus fréquemment à l’avenir. Les cycles vicieux de sécheresse, conduisant à des incendies, conduisant à davantage de sécheresse ont un effet de rétroaction positif qui aggrave encore les émissions de dioxyde de carbone et le réchauffement climatique.
Un réchauffement plus rapide que prévu
Trois sources de données suggèrent que le rythme du réchauffement climatique sera plus rapide que prévu :
- Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter.
- Les aérosols, y compris les sulfates, les nitrates et les composés organiques, réfléchissent la lumière du soleil et accélèrent le réchauffement.
- Des signes montrent que la planète pourrait entrer dans une phase chaude naturelle, car l’océan Pacifique semble se réchauffer, en accord avec un cycle climatique lent connu sous le nom d’oscillation interdécennale du Pacifique, qui pourrait durer quelques décennies.
Malheureusement, ces trois forces se renforcent mutuellement.
Pour aggraver les choses, ce réchauffement a également un impact sur les micro-organismes en exacerbant l’impact des agents pathogènes et en augmentant l’incidence des maladies.
Des impacts sociaux
Les Nations Unies estiment que d’ici 2030, 700 millions de personnes seront forcées de quitter leur domicile à cause de la sécheresse. La sécheresse et les vagues de chaleur associées à cette urgence climatique sont responsables de la détérioration des rendements des cultures, de l’aggravation du fardeau de la dette des agriculteurs et en poussant certains à se suicider. En Inde au cours des trois dernières décennies, la hausse des températures a déjà été responsable de plus de 59000 suicides. Cela soulève la question de déterminer quels pays devraient assumer la responsabilité des réfugiés climatiques.
En juillet 2018, le professeur Bendell a écrit une pièce dramatique mettant en garde contre l’effondrement social probable, exprimant la perspective qu’il était maintenant trop tard pour arrêter un futur effondrement de nos sociétés et que nous devions simplement nous y adapter. L’essence de cette adaptation profonde se résume en 4 questions :
- Qu’est-ce que nous apprécions le plus et que nous voulons absolument conserver?
- Que devons-nous abandonner?
- Quelles compétences et pratiques respectueuses pouvons-nous restaurer?
- Comment pouvons-nous réduire les souffrances et les inégalités?
Le danger des vagues de chaleur
Selon le GIEC, les vagues de chaleur sont le danger le plus important et le plus dangereux lié à l’urgence climatique actuelle. Le changement climatique anthropique a multiplié par trois au moins la probabilité de vagues de chaleur depuis 1950, et à travers la région euro-méditerranéenne la probabilité d’une vague de chaleur au moins aussi chaude que l’été 2017 (responsable de températures supérieures à 40 ° C en France et la région des Balkans et des températures nocturnes supérieures à 30 ° C) est désormais de l’ordre de 10%.
Les impacts négatifs de la chaleur extrême, qui sont plus aigus dans les zones urbaines, comprennent des risques pour la santé, des concentrations plus élevées de polluants, une qualité inférieure de l’eau et une diminution de la productivité du travail ! Les plus touchés sont les groupes les plus vulnérables parmi les citadins: les personnes âgées, les personnes souffrant de maladies chroniques préexistantes, les communautés à faible statut socio-économique, les personnes souffrant de troubles mentaux et les personnes isolées. Dans ce contexte, il convient de rappeler qu’en 2003, une vague de chaleur européenne a coûté la vie à plusieurs milliers de personnes et qu’en 2010, Moscou a été frappée par la plus forte vague de chaleur de l’époque actuelle, tuant plus de 10 000 personnes.
Si aucune mesure d’adaptation n’est prise, le réchauffement climatique et ses vagues de chaleurs pourraient signifier plusieurs milliers de décès supplémentaires par an, des migrations amplifiées et au final un coût social pharaonique que les Etats, toujours plus isolés, peineraient à absorber. En filigrane, c’est le spectre de la guerre qui réapparaît.