À un moment où nous avons affaire à un virus qui a bouleversé la marche du monde, sommes-nous capables de penser et de nous organiser différemment?

Conceptualiser l’économie circulaire

Dans la nature, toute la matière physique tourne dans un cycle infini de restauration et de régénération. Il n’y a pas de gaspillage dans les systèmes biologiques, seulement des ressources secondaires. Il serait donc logique que notre économie mondiale soit en harmonie avec son système écologique plus large, mais, malheureusement, ce n’est pas le cas. Notre production de déchets toujours croissante nécessite un changement de paradigme. Le modèle linéaire de notre économie actuelle cadencé par le processus «prendre, fabriquer et éliminer» n’est pas viable. Nous prenons les ressources naturelles de notre environnement, produisons un produit et le poussons vers les utilisateurs finaux qui en disposent ensuite. 

Auparavant, cela ne posait pas de problème, mais ce modèle a atteint ses limites : les intrants (matières premières) semblent plus limités et les extrants (déchets) sont devenus de plus en plus préjudiciables aux écosystèmes.  La transition vers une économie circulaire doit donc avoir lieu maintenant.

La planète est à un point d’inflexion. Chaque jour, nous entendons parler de nouveaux symptômes de la fracture de notre système environnemental nous promettant des lendemains qui déchantent. Cette nouvelle réalité n’a jamais été aussi évidente que depuis le COVID-19. 

Un processus progressif

La première étape de la reprise consiste à admettre que nous avons un problème, puis à concentrer notre énergie sur une action concertée par le biais de partenariats impliquant les secteurs public, privé et social. Un point de départ peut être de reconnaître le fait que la croissance économique perpétuelle sur une planète finie n’est pas le chemin de la prospérité. 

Nous n’avons pas besoin de trouver toutes les bonnes réponses d’un coup. Mais il est important de poser les bonnes questions; Comment arrêter l’extraction des matières premières et valoriser les déchets? Et comment pourrions-nous maintenir les matériaux en circulation, déjà présents dans l’économie, pour éviter la consommation au détriment de nos ressources naturelles? Enfin, comment arriver à un état où notre activité économique régénère nos systèmes naturels?

Malgré les défis monumentaux auxquels nous sommes confrontés, il existe des opportunités impressionnantes pour en corriger le cours. 

L’économie circulaire ne se limite pas au recyclage. Il s’agit de la façon dont nous pensons, nous comportons et consommons. Elle consiste à identifier et à boucler les boucles afin de créer des systèmes autonomes où les producteurs et les consommateurs sont étroitement couplés pour permettre une rétroaction constante. Par exemple, la production, la consommation et l’élimination des aliments peuvent être organisées pour faire partie du même cycle fermé. Pour ce faire, les industries sont étudiées en tant qu’écologies industrielles afin d’identifier où et comment les ressources et l’énergie les traversent, où elles sont perdues et où les processus pourraient être interconnectés pour réduire ces pertes. L’apport de ressources et les déchets, les émissions et les fuites d’énergie sont minimisés en ralentissant et diminuant les boucles d’énergie et de matériaux; 

Notre économie linéaire existante est un produit de la pensée analytique où nous divisons tout et séparons tout afin de nous concentrer sur des activités spécifiques et de réaliser des économies d’échelle – nous mettons le logement dans le quartier résidentiel, les usines dans la zone industrielle, la production alimentaire dans fermes, etc.

En revanche, l’économie circulaire induit l’intégration. Il s’agit alors d’utiliser les ressources disponibles dans les systèmes en cascade… les déchets d’un produit deviennent les intrants pour créer une nouvelle production.

La bonne nouvelle, c’est que si nous avons été en capacité de concevoir nos économies existantes, rien ne nous empêche de concevoir l’économie du futur. Nous ne sommes limités que par notre imagination et notre détermination collective… Et quelques lobbies qui voudront que rien ne change !