« Repenser notre économie », « le jour d’après », « un autre monde est possible », cette crise du COVID ouvre des perspectives inattendues. Imaginer un monde où la croissance a peu d’importance mais où le bien-être social, économique et politique fonctionne en harmonie avec les équilibres écologiques. Revenons sur les propositions de l’économiste britannique Kate Raworth conceptualisées dans son ouvrage (2017).
La théorie du donut, c’est quoi?
L’économie, selon Kate Raworth (OXFAM) prend la forme d’un donut. Son anneau central représente un «espace juste et sûr pour l’humanité» où les besoins de tous sont satisfaits, dans les limites des capacités de la planète. D’un côté (partie supérieure de la pâtisserie) se trouve le «plafond écologique», qui se mesure par le réchauffement, la perte de biodiversité, la dégradation des écosystèmes… De l’autre (partie inférieure de l’anneau) se trouvent les objectifs sociaux minimaux comme l’accès à la santé, à l’alimentation ou à l’éducation.
7 façons de repenser l’économie
Kate Raworth propose sept façons de penser l’économie au XXIe siècle :
- Changer d’objectif économique, en remplaçant la croissance du PIB par l’accès à « l’espace juste et sûr » du donut.
- Réinsérer l’économie dans les dynamiques sociales et environnementales.
- « Cultiver la nature humaine » en sortant du modèle de la rationalité égoïste.
- Ne pas considérer que l’économie est une mécanique mais parler de « système complexe » et évolutif.
- Raisonner en termes de distribution de la richesse et non du revenu.
- Sortir de la logique « linéaire » et promouvoir une « économie circulaire » et « régénérative ».
- Être agnostique en matière de croissance
Les choses évoluent
Plusieurs pays sont passés à des mesures alternatives pour déterminer le succès. Le Bhoutan mesure la prospérité grâce au « bonheur national brut », la Nouvelle-Zélande crée en 2019 le « budget du bien-être », l’Écosse cherche à créer une économie qui s’harmonise avec le bien-être des citoyens, Chypre vise à développer son tourisme expérientiel afin de créer un modèle de tourisme plus durable . Mais comment appliquer le modèle d’économie durable de Raworth à une ville?
L’exemple d’Amsterdam
Avant même que le coronavirus ne frappe, Amsterdam travaillait à recadrer sa politique afin de promouvoir une résilience à plus long terme. Début avril 2020, la ville d’Amsterdam a lancé Amsterdam City Donut , qui reprend le concept global du Donut et le transforme en un outil d’action transformatrice de la ville. C’est un nouveau «portrait» de la ville qui est proposé à partir de quatre perspectives interconnectées avec pour ambition de réduire de moitié l’utilisation de nouvelles matières premières d’ici 2030 et d’avoir une économie complètement circulaire d’ici 2050. La stratégie de la ville passe notamment par l’instauration de chaînes alimentaires courtes offrent un système alimentaire saine, durable et robuste pour tous les habitants, le traitement de haute qualité des flux de déchets organiques, la réduction de la consommation urbaine, l’utilisation parcimonieuse des biens communs, la valorisation des produits jetés…
Le défi le plus important du 21 siècle est de donner à tout humain la chance d’avoir une bonne vie. Le passage à une économie circulaire est une excellente occasion de relever ce défi. Amsterdam n’a pas peur d’y aller…d’autres suivront-ils ?
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Amsterdam…. j’ai eu la chance de pouvoir y aller cette année juste avant le confinement en famille et en train (9h de train en venant du sud de la France au lieu de 1h30 en avion). C’est une ville que j’ai adoré. Mes enfants aussi. C’était en février, il y avait un froid de canard et pourtant tout le monde se promenait en vélo… Je voulais y habiter.