Nous sommes à un des moments clés de l’histoire de l’Humanité. Nous avons la possibilité d’amener la planète Terre dans le mur ou, au contraire, de mettre en perspective un avenir désirable pour nous et nos enfants.
Un sentiment d’échec de l’écologie politique
L’écologie politique se dilue dans les arbitrages politiciens. On a l’impression que le « grand capital » et ses lobbys bien structurés ont pris le dessus. Et pour cause, l’écologie politique s’est constamment construite sur une critique forte du système économique dominant basé sur l’économie de marché, la croissance, la consommation de masse. En cela, elle dérangeait l’ordre établi. Elle n’a pu proposer une alternative crédible et audible pour changer les choses et ainsi s’imposer dans les gouvernements successifs.
Cet échec, c’est aussi le nôtre. En tant que citoyens, nous n’avons pas su donner à l’écologie l’importance qu’elle mérite au regard de l’urgence environnementale que nous avions tous mesuré. Et nous nous retrouvons avec cette sale sensation d’impuissance : les choses s’aggravent, les pronostics sont effrayants, les années passent et nous n’y pouvons rien ou si peu. Nous essayons de rester enthousiastes, de voir le verre à moitié plein et nous nous épuisons dans des petites actions du quotidien à faible impact alors que les enjeux sont colossaux.
Passer en mode « résistance »
Nous avons atteint les limites d’un système absurde, matérialiste, basé sur une croissance infinie (dans un monde fini) qui s’autorise à exploiter et détruire sans limite les ressources naturelles, les animaux et parfois d’autres êtres humains avec les résultats que l’on connait (50% de la population des vertébrés a disparu ces 40 dernières années, 80% des insectes volants en Europe…). Il faut maintenant « prendre les armes » pour changer ce modèle.
Cyril Dion, dans son « Petit manuel de résistance contemporaine », ne croit plus que les actions isolées (manifester, faire des dons, boycotter, consommer responsable) soient suffisantes et ne croit pas non plus aux actions plus radicales et violentes de rébellion qui risquent de bloquer les populations plus que de les convaincre. Il préconise l’émergence de nouveaux récits, construits sur une nouvelle perception du monde, qui ouvriraient des perspectives de vie réenchantées.
Vision désirable de l’avenir
« Nous avons besoin de récits qui nous rassemblent, nous permettent de coopérer et donnent du sens à notre vie en commun. «
Cyril DION
Le récit dominant, celui que nous avons appris depuis tout jeune, celui qui structure nos comportements et nos imaginaires, nous raconte qu’il faut gagner beaucoup d’argent pour toujours plus consommer. Le confort, la vitesse, le plaisir immédiat, la compétition, la domination sont alors des valeurs absolues. Parce que nous sommes avant tout guidés par nos émotions, il nous faut trouver un nouvelle histoire à raconter qui fasse rêver et suscite l’engouement.
Cyril DION propose de travailler sur un récit d’avenir désirable en partant de 3 objectifs :
- Stopper la destruction et le réchauffement : stopper la surconsommation, le bétonnage , la déforestation…
- Construire la résilience en privilégiant l’échelon local : produire de la nourriture et de l’énergie localement, gérer raisonnablement l’eau potable, réutiliser, recycler réparer, développer l’artisanat…
- Régénérer : réparer les dégâts (replanter des forets, réensauvager les espaces, miser sur la permaculture…)
Ce récit raconterait le respect de son prochain, la reconnexion à la nature, le partage et la coopération. Il raconterait la vie d’un Homme qui consacrerait son temps, non pas à travailler pour gagner de l’argent mais à s’épanouir, développer ses talents, se cultiver, partager, aider les autres. J’ai rencontré il y a 3 ans des membres de la communauté Tzutuhil , à San Juan La Laguna, au Guatemala, qui se racontaient ce genre d’histoire et ils avaient l’air heureux…
À la recherche d’un avenir radieux ? Lisez Antoine Volodine » Avenir radieux » ou à la rigueur « Après la carte vitale » de Marcel Dehem.