La pandémie actuelle de coronavirus montre que nous devons choisir une autre voie pour notre planète

Les cas confirmés se multiplient de façon exponentielle et mettent au grand jour des systèmes économiques défaillants. C’est l’occasion de comprendre ce que tant de communautés autochtones sur notre planète ont compris depuis des temps immémoriaux et que, dans notre insouciance aveugle, nous avons tenté d’oublier : nous sommes tous connectés les uns aux autres. Nous, les humains, quelle que soit notre race (le virus ne calcule pas notre origine sociale ou ethnique pour circuler) mais aussi nous avec l’arbre, la fleur, l’abeille, l’eau du ruisseau… Comprendre, respecter et pratiquer l’interdépendance altruiste dans ce moment si particulier de pandémie pourrait peut-être préserver la vie.

Un lien avec la manière dont nous traitons la nature

La source du coronavirus est un «marché humide» à Wuhan qui vendait à la fois des animaux morts et vivants. L’hôte d’origine serait la chauve-souris qui n’était pas vendue au marché de Wuhan mais qui aurait infecté un hôte intermédiaire pour ensuite se transmettre à l’Homme. Ces types de rencontres rapprochées avec des animaux porteurs de maladies ne sont qu’une partie de la relation complexe entre l’homme et la nature. La déforestation destructrice de l’habitat faunique augmenterait le risque de rencontres rapprochées entre humains et animaux donc la propagation de certains virus.

Certains pays plus touchés

Les pays les moins développés seront touchés après nous et les plus grandes victimes de demain seront celles qui sont aujourd’hui les plus démunies, sans salaire régulier, sans assurance ni accès aux soins de santé et qui prendront en pleine face les impacts sociaux de cette crise. Cette pandémie, double injustice et double peine, fera ainsi payer le plus lourd tribut à ceux qui subissent déjà les plus gros impacts du changement climatique.

Une nouvelle voie

Notre système actuel est conçu pour le profit plutôt que pour le bien-être ou le bonheur. Les signes de faiblesse du capitalisme apparaissent clairement en tant de crise et de panique et nous serions bien inspirés à changer rapidement de modèle. Apprendre de nouvelles façons de travailler en se déplaçant moins, collaborer localement, consommer en responsabilité, renforcer un pouvoir politique local, communautaire et basé en partie sur l’autodétermination.

Il faudrait changer d’imaginaire, se raconter une autre histoire, différente de celle d’un monde compétitif et sans pitié, afin de mieux vivre les tempêtes à venir. Nous avons deux jambes, celle de l’entraide et celle de la compétition. Le problème, c’est que la première est complètement atrophiée. Il est temps de redevenir compétent en altruisme et solidarité. Il existe trois ingrédients indispensables pour maintenir l’entraide dans un groupe : le sentiment de sécurité, le sentiment d’égalité et d’équité et le sentiment de confiance

Pablo Servigne

Agir seul nous limite et nous impressionne, agir mondialement nous est inaccessible et nous rend impuissant. La seule échelle dans laquelle nos actions semblent avoir du sens et un impact réel et tangible est l’échelle collective locale. Il est donc temps de penser local et de coopérer au plus près de notre environnement naturel afin de tisser la résilience de demain sur des domaines aussi variés que l’énergie, l’habitat, l’économie, la santé, l’éducation, l’alimentation et l’agriculture.

Et si cette crise fulgurante permettait de remettre du sens, un peu de bonheur et du lien dans nos vies tumultueuses?