Des images qui font peur
Les récentes images de New Dehli noyée dans un brouillard de fumée font froid dans le dos. La pollution a atteint des niveaux plusieurs fois supérieurs à la limite de sécurité autorisée. Un nuage dense, toxique et brûlant s’est installé sur la capitale indienne, précipitant les habitants vers les hôpitaux et mettant les autorités locales dans une urgence de santé publique absolue qui a conduit notamment à la fermeture des écoles durant plusieurs jours.
Pourquoi ?
C’est presque devenu une habitude. Chaque hiver, lorsque le vent ralentit et que les agriculteurs brûlent leurs cultures pour faire place à une nouvelle récolte, de l’air vicié s’installe dans les villes indiennes, mettant en danger des centaines de millions de personnes. Les poussières de construction et les émissions des véhicules et cheminées viennent amplifier le phénomène rendant l’atmosphère irrespirable.
Des effets dévastateurs
Le problème ne se limite pas à la capitale. Toutes les grandes villes du pays, de Mumbai à l’ouest à Varanasi à l’est, luttent contre la pollution de l’air, donnant à l’Inde le triste privilège d’avoir 15 des 20 villes les plus polluées au monde. L’Inde a du mal à faire face à cette crise de pollution. Au cours des dernières années, les environnementalistes indiens ont mis en garde contre les effets à long terme d’une exposition continue à des niveaux de pollution de l’air pouvant atteindre l’équivalent de fumer deux paquets de cigarettes par jour. Des études ont montré que les enfants du pays étaient atteints de lésions cérébrales permanentes dues à l’air toxique et que des millions d’Indiens sont déjà morts de problèmes de santé liés à la vie dans des villes polluées. Un vrai problème de santé publique qui empire au fil des ans.
Un rapport récent du Health Effects Institute a souligné que, si aucune autre mesure n’est prise pour remédier aux crises régulières de pollution atmosphérique, les décès dus à la pollution atmosphérique augmenteront de façon exponentielle. Quand on sait qu’aujourd’hui, la pollution est responsable de près de 800.000 morts par an en Europe et 8,8 millions dans le monde, on a vraiment des raisons de s’inquiéter.
Au-delà de l’Inde
La question de la pollution de l’air est de plus en plus prégnante dans toutes les grandes villes de la planète. Au cours des derniers mois, une série d’épisodes de pollution atmosphérique a établi de nouveaux records en Asie. Plus tôt cet été, des centaines de personnes ont été évacuées et des écoles ont dû être fermées en raison de la mauvaise qualité de l’air dans de nombreuses régions d’Indonésie. Ces épisodes récurrents se produisent maintenant chaque année comme au début de l’hiver et touchent des millions de personnes dans des régions densément peuplées exposées au smog épais et toxique pendant des semaines.
Le continent européen est également concerné. En Ukraine, Serbie ou Bulgarie, les centrales à charbon sont la cause d’une forte pollution. Quatre centrales à charbon européennes figurent ainsi parmi la liste des plus polluantes de la planète.
Ce problème de pollution atmosphérique mondial persistant à une assiette large, il concerne les secteurs des transports et de l’agriculture, l’énergie domestique, l’industrie et les pratiques de gestion des déchets. Il est donc impératif que des efforts coordonnés menés par les gouvernements soient déployés afin de protéger notre planète des effets néfastes de cette menace environnementale croissante.
Que faire ?
La liste est longue !
Réduire la pollution agricole : veiller aux bonnes pratiques d’épandage et à l’équilibre de la fertilisation, promouvoir les pratiques agroécologiques (diversification des cultures, limitation des recours aux engrais…)
Agir sur les transports routiers : Développer les circulations douces (piéton, vélo…), encourager les mobilités durables (réseau de transports en commun, réduire le besoin en transport à la source (télétravail), encourager le ferroutage…
Réduire la pollution des navires : contraindre à l’utilisation d’un carburant chargé à 0,1% de soufre, obliger la mise en place des filtres de dépollution
Repenser les parc industriels vieillissants et supprimer les centrales électriques à charbon, réduire la pollution du chauffage au bois…
Mais surtout, revoir nos modes de vies en profondeur : consommer moins, manger mieux et local, voyager moins (je sais, c’est difficile pour certains)