Défiance des milieux conservateurs

Certains conservateurs frappés d’aveuglement tapent encore sur elle, lui disent d’aller se faire soigner, de retourner à l’école mais l’effet Thunberg est bel est bien là, n’en déplaise à tous ces aigris nostalgiques.

Greta Thunberg, 16 ans, militante suédoise du climat, n’invente rien, n’interprète rien, elle livre simplement des arguments scientifiques, ceux des plus grands spécialistes. Arguments solidement étayés et difficiles à remettre en cause.

Greta fait des émules !

En inspirant les grèves du climat mondial et en secouant les membres de l’ONU pour leur inaction face au changement climatique, Greta Thunberg a réussi à créer un nouveau sentiment d’urgence face au changement climatique, en particulier chez les jeunes du monde entier. D’autres ont pris le relais comme Adélaïde Charlier ou Anuna De Wever en Belgique, Harriet O’Shea Carre et Milou Albrecht en Australie, Rebecca Hamilton au Canada. La création du mouvement «Youth for Climate» a véritablement impulsé et structuré la mobilisation sur le long terme.

Mais l’activisme inspiré par ces mouvements de jeunes changera-t-il réellement les politiques climatiques ?

En Europe, certains signaux indiquent que les pays pourraient bientôt avoir une meilleure chance d’adopter des réglementations importantes en matière d’émissions, probablement en raison d’un « effet Greta Thunberg ». Par exemple, en Autriche, les résultats surprenants des élections positionnent les Verts en tant que partenaire potentiel de la coalition avec le parti populaire conservateur autrichien au pouvoir. En Allemagne, Angela Merkel cherche à se positionner en tant que leader du changement climatique dans son pays et dans l’Union européenne en déclarant notamment qu’elle souhaitait accélérer les efforts pour faire adopter les politiques climatiques en Europe. En septembre, Mme Merkel et plusieurs autres pays de l’UE ont approuvé un train de mesures sur le climat visant à mettre fin aux émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, mais la Pologne a bloqué cet effort. Au Canada, Justin Trudeau semblait également vouloir se positionner en tant que leader de l’action climatique. 

Alors, les politiques, en fins stratèges, cherchent-ils à se redorer le blason sur le dos du climat ? Sont-ce des effets d’annonces comme à l’accoutumée?

Que fait l’Europe qui se cache derrière un défaut d’unanimité pour ne pas prendre les grandes décisions qui s’imposent ? La coopération renforcée, procédure législative européenne permet pourtant de fixer des règles qui ne s’appliquent pas aux vingt-huit États membres, mais uniquement à ceux d’entre eux qui le désirent et donc d’avancer avec ceux qui le souhaitent sur les questions climatiques. Alors, qu’attendons-nous ?

Car l’urgence est là !

Quand on parle de réchauffement climatique, on a l’impression que les effets sont là, maintenant, que c’est ce qui se passe aujourd’hui. Mais pas du tout ! Ce que l’on observe, c’est la version douce de ce qui nous attend. Les boucles de rétroactions positives induisent un emballement de la machine. Le processus du réchauffement climatique est ainsi exponentiel. La fonte des glaces polaires accélère la désintégration du pergélisol des régions arctiques dégageant d’énormes quantités de carbone et de méthane qui, en se libérant, augmentent la température de la Terre et des océans qui libèrent alors des hydrates de méthanes…

Ces boucles de rétroactions ont par exemple pour effet d’accélérer l’élévation du niveau des mers et océans. Aujourd’hui, ils s’élèvent de 3 millimètres par an environ (1 millimètre lié à la dilatation des mers et océans par accroissement des températures, 2 millimètres par la fonte du Groenland et des glaciers de montagnes). Demain, cette élévation va s’accélérer et des villes comme New York, Calcutta, Tokyo ou Dakar (pour ne citer qu’elles) se retrouveront sous les eaux. A terme moyen (20 ans), c’est plus de 100 millions de réfugiés climatiques sur les routes qu’il faudra accueillir.

Alors, les marches pour le climat, bras armés des jeunes générations qui mènent leurs propres actions face à l’urgence climatique vont-elles avoir l’effet d’électrochoc que l’on espère ? Les adultes ont-ils pris la mesure de la catastrophe qui s’annonce ou vont-ils être incapables de prendre les mesures parfois radicales qui s’imposent ? Le sevrage énergétique sera-t-il dur à faire accepter ?

Nous comptons sur l’effet Thunberg pour faire bouger les lignes !