Notre maison brûle

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs … Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie … Dix ans après Rio, nous n’avons pas de quoi être fiers. »  

Jacques Chirac, il y a déjà 17 ans

La tragédie des horizons

La tragédie des horizons rappelle, mais en la situant dans une échelle de temps, une question classique en économie de l’environnement, celle de la tragédie des biens communs, théorie développée par Garrett James Hardin (écologue américain) dans un article de 1968 où il décrit les mécanismes de prédation et surexploitation de ressources naturelles communes. 

La tragédie des horizons, c’est quand un changement néfaste annoncé et prévisible a peu d’effet sur les générations les plus âgées, donc celles qui ont le plus le pouvoir de l’arrêter, mais aura des effets désastreux sur les générations futures..

Face au changement climatique

Dans ce sens, les défis actuellement posés par le changement climatique sont encore modérés par rapport à ce qui pourrait arriver. Les plus clairvoyants d’entre nous, souvent taxés de pessimistes ou de déprimés de service, mettent en perspective des impacts mondiaux, systémiques, sur le climat, la finance, les migrations, la stabilité politique, ainsi que sur la sécurité alimentaire et hydrique.

Le rôle de l’Homme dans le changement climatique est pourtant maintenant une évidence et il paye déjà le prix des dérèglements qu’il génère. Ainsi, depuis les années 1980, le volume de pertes matérielles et financières liées aux conditions météorologiques a triplé. Parfois plus encore : les pertes financières dans le secteur des assurances ont été multipliées par cinq. Bien qu’il soit encore temps d’agir, la fenêtre d’opportunité est limitée et de plus en plus réduite.

Le changement climatique est une tragédie des horizons. Les impacts  du changement climatique se feront sentir au-delà des horizons traditionnels de chacun d’entre-nous imposant par là-même aux générations futures un coût exorbitant que la génération actuelle n’a aucun intérêt direct à financer.

Pourquoi ?

D’abord parce que les risques physiques majeurs du réchauffement climatique seront plus importants dans certains pays, souvent éloignés des grands pôles de décisions et que les mécanismes de propagation de ces risques aux pays décideurs sont peu appréhendés. Mais cela pourrait changer car nos sociétés occidentales commencent à être frappées de plus en plus fréquemment par des catastrophes récurrentes (cf. les énormes incendies qui frappent la Californie actuellement).

Ensuite, parce que ces risques apparaissent lointains (50 ou 100 ans) et que nous sommes plutôt conditionnés à piloter à court ou moyen termes. Mais là aussi ça évolue, certains spécialistes font maintenant des prévisions de changements majeurs à 5 ou 10 ans) nous précipitant dans une forme d’urgence à laquelle nous n’étions pas habitués.

Des acteurs économiques rétifs aux changements

Si d’aventure l’on entreprenait dès aujourd’hui une action mondiale et coordonnée pour lutter contre le changement climatique, elle aurait un impact si profond sur les entreprises et leurs modèles commerciaux, à fortiori si elle passait par l’abandon des combustibles fossiles, que beaucoup d’entre-elles ne seraient pas prêtes à l’assumer.